7.9.11

A quand un véritable accueil des divorcés remariés ?


Le Président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Zollitsch, dans un entretien courageux au journal "Die Zeit" espère une évolution de la position de l'Eglise vis à vis des divorcés remariés. "C'est une question de miséricorde. Il s'agit de venir en aide à ceux qui souffrent, qui ont connu l'échec." précise l'archevêque de Fribourg (La Croix-6 septembre).

Il serait grand temps, en effet, d'ouvrir enfin le débat sur le refus actuel de permettre l'accès au sacrement de réconciliation aux divorcés remariés et de réfléchir à la manière de les inviter à la table de communion, eux qui, plus que d'autres, ont faim de la tendresse du Père.

J'ai eu l'occasion de poser la question à Albert Rouet, juste avant son départ du diocèse de Poitiers. Voici ce qu'il me répondait (et que j'ai alors publié dans Panorama, non sans quelques "dommages collatéraux"...) :

"- Sur certaines questions de morale, l’Eglise ne doit-elle pas aussi d’urgence bouger ? Le sort réservé aux divorcés, notamment « remariés » est-il tenable ?"

"- C’est une question qui est cause de douleurs infinies. Commençons par relire l’Ecriture : il y a cette phrase de Jésus relatée au chapitre 19 de l’Evangile selon Matthieu : « Ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer. » La position actuelle de l’Eglise repose en grande partie sur ce texte. Or, la question posée par les pharisiens à Jésus concerne la répudiation. Et il se prononce clairement contre la répudiation, acte qui consiste à rejeter son conjoint comme une chose pour en choisir un autre. Peut-on totalement assimiler répudiation et divorce ? On utilise ce mot de « divorcé » à la fois pour désigner celui, ou celle qui s’en va pour un ou une autre et pour désigner celle ou celui qui se trouve abandonné, rejeté. Bien sûr, il y a des cas où les torts sont partagés, mais le plus souvent, pas à égalité ! Enfermer toutes les situations dans ce seul mot de « divorcé » ne semble pas juste. La faute n’est pas la même pour celui ou celle qui s’en va et qui laisse l’autre désemparé avec 2 ou 3 enfants à élever… On ne peut pas aborder ces questions difficiles sans avoir un authentique souci pastoral, parce qu’on ne peut pas, d’un côté, affirmer que les sacrements font la vie chrétienne et de l’autre continuer à demander aux hommes et aux femmes blessés dans leur amour de vivre leur foi sans sacrement ! Comment un homme ou une femme peut-il être ainsi laissé au cœur d’un péché sans pardon possible ? Dans la riche tradition de l’Eglise on trouve quelques éléments d’ouverture, y compris au Concile de Trente. Il me semble urgent de se poser la question, sans brader le sacrement de mariage, sans faire l’impasse sur la nécessaire reconnaissance de ses torts, sans oublier le respect dû au premier conjoint…"