18.1.10

Prier pour l'unité des chrétiens

« Les murs de la séparation ne montent pas jusqu’au ciel ! »

Au lendemain de la Révolution russe de 1917, un prêtre de Lyon, l’abbé Paul Couturier, rencontra des immigrés orthodoxes, et, convaincu de partager la même foi, il fut touché par le «scandale » de la division entre les confessions chrétiennes. Il méditait en son cœur la prière du Christ pour l’unité de ses disciples : « Père, que tous soient un, comme nous sommes un, afin que le monde croie. » (Evangile de Jean, 17, 21). Ce prêtre eut alors l’idée de promouvoir, à partir de 1933, une « Semaine de prière universelle pour l’unité chrétienne ». Cette initiative se poursuit encore aujourd’hui : du 18 au 25 janvier, les croyants de toutes les Eglises chrétiennes sont invités à prier pour l’unité.
Un événement qui risque fort cependant de passer inaperçu dans nombre de communautés. En ces temps de replis communautaristes et de réaffirmations parfois musclées de la doctrine, il est vrai que la belle aventure œcuménique perd un peu de son souffle. Localement, ici ou là, des « centre œcuméniques » nés des grandes espérances des années 70, se voient discrètement rogner les ailes ; le souhait incontestable du Pape de marcher vers l’unité se trouve parfois encore mis à mal par ceux qui continuent d’affirmer, sans sourciller, qu’on peut discuter de tout avec nos frères orthodoxes ou protestants, sauf de la primauté pontificale !
Un recul qui, à des degrés divers, se constate également dans les autres Eglises chrétiennes.
« Vouloir l’œcuménisme, c’est en prendre les moyens, affirmait le Père Bruno Chenu, théologien, membre du groupe œcuménique des Dombes fondé par l’abbé Couturier. Pas simplement battre la coulpe de l’autre, mais passer au peigne fin sa propre attitude ! »
Il est grand temps de réamorcer la source du dialogue œcuménique : les jeunes générations chrétiennes, celles de Taizé et d’ailleurs, qui expérimentent une fraternité internationale avec des jeunes orthodoxes et protestants, ne comprendraient pas que la marche vers l’unité continue de marquer le pas. C’est le Christ lui-même qui demande cette unité à ses disciples. L’œcuménisme n’est donc pas matière à option. L’oublier serait faire le jeu du « Diviseur », (le « diabolos » en grec…)
Nous ne devons avoir de cesse de pouvoir –enfin !–boire ensemble à cette coupe et partager ensemble le pain de l’unité. Unité des Eglises, unité des cœurs également. Car l’œcuménisme n’est pas qu’une question réservée aux théologiens, c’est d’abord une voie spirituelle.
« Chacun doit apprendre la part de vérité dont témoigne son frère chrétien et qui manque à la plénitude de sa propre confession de foi », disait encore Bruno Chenu.
Enzo Bianchi, fondateur du monastère de Bose, en Italie, communauté prophétique qui rassemble des catholiques, des protestants et des orthodoxes, l’affirme : « Le chemin de l’œcuménisme sera long et difficile, mais je crois qu’il est possible, à condition que les Eglises se soumettent les unes aux autres comme le font des frères et des sœurs dans une famille. »
Alors, n’attendons pas que l’unité se fasse « par le haut ». Vivons-là, sans peur ni replis, dans la fraternité de nos rencontres, à l’écoute du trésor de l’autre…
« Afin que le monde croie… »