31.3.09

Méditation pour le Dimanche des Rameaux

Combat spirituel


« En nous, la lutte entre la pesanteur et la grâce »

Curieuse et paradoxale célébration que celle des Rameaux qui commence dans les acclamations joyeuses : « Hosanna au plus haut des cieux ! » et qui se termine dans un appel au meurtre : « Crucifie-le ! ».

Et ne croyons pas qu’il y a, comme dans les mauvais westerns, les « bons » d’un côté qui acclament l’entrée de Jésus à Jérusalem et de l’autre côté les « méchants » qui réclament sa mort, en lieu et place de Barabbas. La foule, souvent, est versatile et le cœur de l’homme partagé. Ce sont sans doute, pour une part, les mêmes qui acclament joyeusement le Christ et qui, quelques heures plus tard, réclament sa mort. Il y a là, ne nous y trompons pas, une image, saisissante de réalité, du cœur de l’homme, de notre propre cœur.

Nous aussi, nous acclamons le Christ, nous chantons ses louanges à la messe, nous nous agenouillons devant Lui, mais nous sommes – nous le savons bien – aussi capables de le renier, de l’oublier, de lui cracher au visage lorsque ce visage prend la figure concrète de l’homme bafoué, humilié, rejeté, écrasé par les rouages aveugles de notre économie, par les trahisons de nos amours, par l’indifférence dont notre société chloroformée nous invite à enfiler l’étroit costume !

La Sainte Semaine qui s’ouvre devant nous est comme le résumé, l’icône dramatique de notre propre vie spirituelle. En nous, à chaque instant, se rejoue le combat entre la lumière et la nuit, entre la vie et la mort, la lutte entre « la pesanteur et la grâce ».

Nous voulons acclamer notre Sauveur mais nous laissons les clous abjects s’enfoncer dans sa chair, dans la chair de l’homme humilié, dans la chair de notre pauvre foi si peureuse.
Croire, c’est mener le combat spirituel contre les forces de la nuit, en nous et autour de nous.

« Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi… » écrivait Etty Hillesum, jeune juive déportée à Auschwitz.