14.4.09

Attente de Pâques...

- Ah, Seigneur, pardonne mon retard, mais, franchement, je n’avais pas très envie de venir…

- Nous sommes Samedi saint, tout de même ! Des soucis ?

- Oh, pas pire que d’habitude ! Une question surtout.

- Urgente, ta question ?

- Comment dire ? Urgente et… « éternelle » à la fois !

- Vas-y, raconte.

- Euh, c’est que c’est difficile à dire… Surtout à toi, Seigneur !

- Parle en confiance : je saurai me taire.

- Justement, Seigneur, c’est là qu’est le problème !

- Explique.

- Eh bien, tu l’as dit, Seigneur : tu sais te taire ! Et, sauf ton respect, c’est peut être même ce que tu fais de mieux ! S’il y avait un Nobel du silence, tu décrocherais à coup sûr la palme !

- … ?

- C’est vrai, quoi, Seigneur ! Ton silence est parfois si… « assourdissant » que je me demande si tu m’écoutes vraiment.

- … ?

- Peut être même que, si tu te tais tant, c’est que tu n’es pas vraiment là !

- Douterais-tu de moi ?

- Disons que… je m’interroge. Toute cette fureur sur la planète, ces folies, ces guerres, ces haines, ces flots de larmes,… Et le cancer, et le sida, Seigneur ? Mais que fais-tu donc, là-haut, dans ton ciel ?

- Je vais te confier un secret…

- A moi ?!

- Oui. A vrai dire, je n’y habite pas tant que cela…

- Tu n’habites pas où, Seigneur ?

- Eh bien, au « ciel »…

- Quoi !!!

- Ne t’emballe pas : je vais t’expliquer. Le « ciel », c’est un joli mot que les artistes, les peintres, les poètes, et même les prêtres, utilisent pour essayer de décrire ce lieu mystérieux où je vis. Par respect, ils ont cherché l’adresse la plus… « haute » possible. C’est bien aimable de leur part et symboliquement plutôt bien vu. Mais cela ne veut pas dire que je suis dans les nuages !

- En gros, tu es en train de me dire que tu as déménagé !!!

- Disons qu’avec ma résurrection, les choses ont été un peu chamboulées : le ciel sur la terre et la terre au ciel... Si tu vois ce que je veux dire…

- Pas très bien…

- L’homme avait du mal à grimper me voir, alors je suis descendu à sa rencontre.

- Tu vois où cela t’a mené !

- Au Golgotha, je sais…Tiens, regarde mes mains, mes pieds et mon côté : tu vois, j’ai encore les cicatrices ! Tout « Ressuscité » que je suis, je n’arrive pas à les faire disparaître. Rien à faire ! Et sais-tu pourquoi ? Parce que ces blessures-là, ce sont celles de toute l’humanité. Je les porte chaque seconde de mon éternité comme j’ai porté cette maudite croix…

- Mais… pourquoi ne pas le dire, Seigneur ? Pourquoi un tel silence ?

- Qu’as-tu fais, hier après-midi ?

- Vendredi ? Je suis allé à l’hôpital. Des amis ont un fils qui s’est fait gravement renverser par une voiture…

- Tu sais, dans cette chambre d’hôpital, j’étais là, moi aussi !

- Toi Seigneur ! Mais où donc étais-tu ?

- Juste devant toi, sous les draps trempés de fièvre, dans ce lit d’hôpital, l’âme triste à en mourir mais le cœur chaviré d’espérance. Excuse-moi de ne pas t’avoir parlé… j’avais si mal ! Mais as-tu remarqué que j’ai essayé de te sourire ?

- Oh, Seigneur !

- Tu sais, ta visite m’a fait du bien…C’est bon de croire en l’homme…